Fénelon Traité De L Éducation Des Filles Chapitre 1

Au contraire, on leur fait craindre un prêtre vêtu de noir, on ne leur parle de la mort que pour les effrayer, on leur raconte que les morts reviennent la nuit sous des figures hideuses ; tout cela n’aboutit qu’à rendre une âme foible et timide, et qu’à la préoccuper contre les meilleures choses. N’ont-elles pas des devoirs à remplir, mais des devoirs qui sont les fondements de toute la vie humaine ? Ne sont-ce pas les femmes qui ruinent ou qui soutiennent les maisons, qui règlent tout le détail des choses domestiques, et qui, par conséquent, décident de ce qui touche de plus près à tout le genre humain ? Par là, elles ont la principale part aux bonnes ou aux mauvaises mœurs de presque tout le monde. Une femme judicieuse, appliquée, et pleine de religion, est l’âme de toute une grande maison ; elle y met l’ordre pour les biens temporels et pour le salut. Les hommes mêmes, qui ont toute l’autorité en public, ne peuvent par leurs délibérations établir aucun bien effectif, si les femmes ne leur aident à l’exécuter.

Qui vient d’elle, pourvu que vous n’alliez point indiscrètement lui proposer certaines actions qui sont communes au corps et à l’âme. Il faut éviter les subtilités qui pourraient embrouiller ces vérités, et il faut se contenter de bien démêler les choses où la différence du corps et de l’âme est plus sensiblement marquée. Si on doute encore du pouvoir que ces premiers préjugés de l’enfance ont sur les hommes, on n’a qu’à voir combien le souvenir des choses qu’on a aimées dans l’enfance est encore vif et touchant dans un âge avancé.

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Enfin saint Paul attache tellement en général leur salut à l’éducation de leurs enfants qu’il assure que c’est par eux qu’elles se sauveront. Ne manquez pas de relire souvent avec les enfants les endroits où Jésus-Christ promet de soutenir et d’animer l’Eglise, afin qu’elle conduise ses enfants dans la voie de la vérité. Comment il faut faire entrer dans l’esprit des enfants les premiers principes de la religion. Un enfant qui n’agit encore que par imagination, et qui confond dans sa tête les choses qui se présentent à lui liées ensemble, hait l’étude et la vertu, parce qu’il est prévenu d’aversion pour la personne qui lui en parle. Ce qu’il y a encore de très important, c’est de laisser affermir les organes en ne pressant point l’instruction, d’éviter tout ce qui peut allumer les passions, d’accoutumer doucement l’enfant à être privé des choses pour lesquelles il a témoigné trop d’ardeur, afin qu’il n’espère jamais d’obtenir les choses qu’il désire.

De Cambrai est le seul cependant pour qui elle ait à ce degré franchi les limites de sa circonspection ordinaire ; Racine et Vauban ne devaient connaître ni la même délicatesse ni la même résolution de dévouement. D’un fils qui était mort sous ses yeux au siège de Candie, il avait reporté sur ce neveu toute son affection. Le fondateur de Saint-Sulpice, M. Olier, ayant, en vue de combattre l’usage du duel, formé une association de gentilshommes éprouvés, l’avait placé à la tête de cette compagnie. Les relations qui s’ensuivirent déterminèrent le marquis à faire entrer Fénelon au séminaire de Saint-Sulpice.

Sur le bien-fondé de la curiosité des enfants.

Soit qu’il signale ce qu’il y a de délicatesse fâcheuse « à gronder un valet pour un potage mal assaisonné, pour un rideau mal plissé, pour une chaise trop haute ou trop basse, » soit qu’il mette la mère en garde contre les dangers de l’office, où l’enfant entendra « médire, mentir et disputer, » il ne recule pas devant le détail expressif. Il peint l’ordre d’une bonne maison en homme qui s’est rendu compte et dont l’administration diocésaine provoquait l’admiration de Saint-Simon. Partout en un mot il a cette admirable égalité de ton qui résulte du rapport exact, de l’exquise harmonie de la pensée et de l’expression. De Sacy, « l’Éducation des filles est du Xénophon écrit avec une plume chrétienne. On a dit de cette simplicité qu’elle n’est pas celle par où l’on commence, mais celle à laquelle on revient à force d’esprit, d’art et de goût. Il serait vraiment sévère de n’y pas faire aussi la part de la nature.

Celle dont l’homme nouveau, qui est Jésus-Christ, nous a laissé un si grand exemple, tout nous engage à une vie laborieuse, chacun en sa manière. D’un esprit plus étendu et plus attentif aux avantages d’un accommodement, et qu’enfin elles soient persuadées que la principale habileté dans les affaires est d’en prévoir les inconvénients, et de les savoir éviter. Jamais parler de Dieu, ni des choses qui concernent son culte, qu’avec un sérieux et un respect bien éloigné de ces libertés.

1.             L’infériorité intellectuelle et physique de la femme face à l’homme

S’il blâme certaines pratiques de piété ou les élans d’une imagination trop tendre, il ne désapprouve pas l’instruction, les connaissances, les talents d’agrément nécessaires aux femmes pour remplir avec succès tous les devoirs que leur imposent la nature et la société. Les femmes exercent à ses yeux un rôle civilisateur, et il ne faut pas les condamner à une ignorance absolue sous prétexte que quelques-unes se sont rendues ridicules par la présomption de leur savoir. Cela est si éloigné de nos mœurs, qu’on ne pourrait le croire, si peu qu’il y eût dans l’histoire quelque prétexte pour en douter. Mais n’est-il pas naturel qu’on ne songe à défendre ou à augmenter son pays, que pour le cultiver paisiblement ?

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Cette humidité du cerveau qui rend les impressions faciles, étant jointe à une grande chaleur, fait une agitation qui empêche toute application suivie. Ce premier âge, qu’on abandonne à des femmes indiscrètes et quelquefois déréglées, est pourtant celui où se font les impressions les plus profondes, et qui, par conséquent, a un grand rapport à tout le reste de la vie. « J’entends dire que les Anglais ne se refusent aucun des mots qui leur sont commodes. Les paroles ne sont que des sons, dont on fait arbitrairement les signes de nos pensées.

Plus serrées peut-être, plus suivies du moins, ses directions témoignent d’une observation particulièrement souple et juste. On précipite, ou force la marche, au risque de briser ou de fausser tous les ressorts de l’intelligence et du caractère. Il estime qu’à prévenir la nature on ne gagne rien, bien plus, qu’on court le danger de tout compromettre. L’objet de l’éducation du premier âge ne peut être que de donner au caractère sa direction, de frayer à l’intelligence ses voies. Fénelon est un homme présent à la cour, en contact avec des grands personnages , cela veut dire qu’il n’est pas n’importe qui. Il a rédigé le plan d’étude suite à la demande du duc de Beauvilliers pour l’éducation de ses filles.

Enfin, il est aussi déraisonnable de s’attacher uniquement à la beauté que de vouloir mettre tout le mérite dans la force du corps, comme font les peuples barbares et sauvages. ; ce qu’elles savent leur donne du mépris pour beaucoup de choses qu’elles ignorent ; elles voient l’inutilité et le ridicule de la plupart des choses que les petits esprits, qui ne savent rien et qui n’ont rien à faire, sont empressés d’apprendre. L’application que Fénelon fit de sa doctrine est donc moins libérale que sa doctrine. Mais ses conseils, pris en eux-mêmes, n’y perdent rien de leur justesse pénétrante.